vendredi 15 août 2008

Du sable dans les chaussures

J'en avais vraiment besoin de celles-là, de vacances. La preuve : j'ai le cafard comme jamais maintenant que je fais mes valises. Il va me manquer, cet été. D'ailleurs tous les étés me manquent, mais celui-là plus que les autres.
Déjà parce qu'il aura été plutôt paisible et ça aussi, ça faisait longtemps. Plusieurs fois, même, j'ai eu l'occasion de me dire que ne rien faire c'était déjà faire quelque chose, faire le mec en vacances par exemple. Me vautrer sur une banquette au soleil avec un bon bouquin - ou pas, c'était une fin en soi.

Et puis quand on n'a rien à faire, on est insouciant, forcément. Alors on s'attache à plein de petites choses qu'on trouverait futiles le reste du temps. Tiens, comme cette mode des pantalons de lin blanc par exemple. Combien il y en a, de ces filles, qui portent le pantalon de lin blanc comme il se doit ?
Parce que le pantalon de lin blanc ne souffre pas la médiocrité postérieure. Le pantalon de lin blanc sait sublimer des fesses callipyges. Il les porte, il les offre à tes yeux en te laissant deviner la fermeté arrogante du petit cul sous-jacent à chaque dandinement, à chaque pas, à chaque occasion que le tissu trouve de se resserrer.

Et des fois, même en cherchant bien, tu n'arrives pas à trouver la lisière du sous-vêtement. Rien, pas un string entre deux fesses, pas un triangle de tissu au-dessus... Pas de textile superfétatoire, juste du désir et quelques secondes d'évasion. Parce que ces nanas-là, elles ont des fesses qui peuvent se passer de bouts de ficelles.

Plus jeune je ramenais quotidiennement du sable dans mes chaussures. Le lendemain, il reprenait sa place sur la plage et j'en ramenais autant le soir même. Alors autant le laisser dans les chaussures.
Mais aujourd'hui, je dois m'en débarrasser, du sable. Parce que mon été est déjà terminé et que je ne retournerai plus à la plage. Ce seront les autres qui profiteront des derniers pantalons de lin blanc. Moi je serai dans mon bureau, à donner des ordres en même temps que ma peau s'éclaircira. La climatisation effacera les saisons et sans m'en rendre compte il sera déjà temps de décorer le sapin, je serai soucieux de ces grands mots comme projets, objectifs, délais, indicateurs, évaluations...

Alors oui, il va me manquer, l'été. A cause de ces filles qui sont pourtant les mêmes qu'en hiver, quand on se retourne pas sur leurs cols roulés et leurs manteaux. En été, elles nous font croire qu'elles pourraient nous remarquer aussi, nous les mecs normaux. Elles nous font croire qu'on pourrait être un peu mieux qu'en vrai, simplement en accrochant notre regard pendant quelques secondes.

1 commentaire:

Bertrand Ploquin a dit…

Ecoute, cette histoire de pantalon de lin blanc et de fesses callipyges, c'est très fort. C'est beaucoup trop bien écrit pour que j'en parle à des nanas, sincèrement.
Tous ces textes sont trop bien écrit d'ailleurs, et si un jour je tiens celui qui t'a poussé à les écrire (s'il en est jamais un), je lui tordrai le cou de ne pas t'y avoir poussé plus tôt.
Ouais, c'est fort, et gronde quelque part dans ma gorge une rumeur jalouse.